Démocratie rurale et panachage

Publié le par MoDem Première


Lettre ouverte à nos représentants


À Villeneuve-lès-Bouloc, le 28 mars 2008


Madame, Monsieur,

Dans le Canton de Fronton, en Haute-Garonne, sur les 10 villes de moins de 3.500 habitants soumises au système électoral dit du "panachage", il n'y a aucun élu d'opposition dans aucun des conseils municipaux.

Notre démocratie peut-elle accepter une telle situation ?

Dans notre village de Villeneuve-lès-Bouloc, notre tête de liste a réalisé le score honorable de 39,4%, et notre liste une moyenne de 36,2%. Sur les 601 bulletins exprimés, 236 personnes ont donné un message, et qu'ont-ils en retour ? Rien. Pas un seul siège.

Dans notre cas particulier, et toutes choses égales par ailleurs, il aurait fallu que notre tête de liste obtienne plus de 50,4 % des suffrages pour avoir ne serait-ce qu'un seul petit strapontin au conseil municipal.

Le système du panachage bafoue les éléments essentiels de l'engagement municipal que sont le travail de groupe, les valeurs partagées et la pertinence des projets. En permettant aux électeurs de choisir nominativement leurs candidats préférés, ce système est un leurre de démocratie. Il nie la cohérence des offres politiques des listes en présence, il nie la compétition entre des projets d'avenir, et rabaisse la conclusion du débat au choix de telle ou telle personne.

Bien sûr, nous avons perdu et il revient naturellement à nos opposants de mettre en oeuvre leur projet. Est-il pour autant acceptable que notre système électoral ne nous réserve rien ? Pour 40% des votants, rien ?
Des deux ans de travail, du projet structuré, des habitants qui nous ont suivis, nos institutions ne devraient rien conserver ? Nettoyer le paysage de ces contributions démocratiques ? Les recycler au service des conservatismes locaux ?

Le panachage ne panache pas !

Si nous étions soumis au scrutin de liste - actuellement réservé aux communes de plus de 3.500 habitants - avec plus du tiers des voix, nous aurions deux voire trois conseillers municipaux. Tous les habitants du village en auraient été heureux. Et l'équipe aurait pu poursuivre le travail, accompagner ses élus, chercher à trouver des consensus et avancer avec eux sur les projets communaux. Au lieu de quoi, notre village sort divisé entre les gagnants qui ont tout, et les perdants qui n'ont rien.

Le panachage ne permet pas l'ouverture. Le "ticket d'entrée" au conseil est, dans notre cas, à beaucoup plus de 40% des voix. Un tel système est un frein au débat,

C'est une résistance institutionnelle au développement politique
de nos villages.

Cette situation est inacceptable. Changez cela !

Si le mot démocratie signifie quelque chose pour vous, mesdames et messieurs les élu(e)s, entendez-nous ! Réservez quelques sièges aux perdants, comme pour les autres communes, en fonction des voix qu'ils ont obtenues !

Mesurez l'impressionnant déni de démocratie que ce système inflige à toute la France rurale ! Aux 34.000 communes (92% des communes françaises) qui ont moins de 3.500 habitants ! À plus du tiers des français et à leurs 355.000 élus !

Nos institutions ne peuvent pas ne pas nous entendre !
Vous ne pouvez pas ne pas nous entendre !

En toute démocratie,
Et pour tous ceux qui ont voté pour nous,
Jean-Christophe Babinet et Morgane Cournarie

Un exemplaire papier de cette lettre a été remis à :
Mr Nicolas Sarkozy, Président de la République, Mr Bernard Accoyer, Président de l'Assemblée Nationale, Mr Christian Poncelet, Président du Sénat, Mme Michèle Alliot-Marie, Ministre de l'Intérieur et des Collectivités Territoriales, Mr Alain Marleix, Secrétaire d'État à l'Intérieur et aux collectivités territoriales, Mr François Hollande, Premier secrétaire du PS, Mr Patrick Devedjian, Secrétaire général de l'UMP, Mme Marie-Georges Buffet, Secrétaire nationale du PC, Mme Cécile Duflot, Secrétaire nationale des Verts, Mr François Bayrou, Président du Modem, Mr Jean-Michel Baylet, Président du PRG, Mr Martin Malvy, Président de la Région Midi-Pyrénées, Mr Pierre Izard, Président du Conseil Général de Haute-Garonne, Mme Françoise Imbert, Députée de notre circonscription, Mr Louis Bonhomme, Conseiller Général de notre canton, et Mr Gérard Pelletier, Président de l'Association des Maires Ruraux de France.

Publié dans HUMEURS

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